1964 - Les Apprentis

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

Synopsis

Documentaire – Chronique de la vie de plusieurs adolescents suivant un apprentissage professionnel. Onze jeunes, filles et garçons, venant de différentes parties de la Suisse romande, aussi bien de la ville que de la campagne, sont brièvement présentés. Filmés dans leur quotidien, tant dans leur cadre professionnel que familial ou dans leur temps libre, ces jeunes gens racontent ce qu’ils vivent, la raison qui les a poussés à commencer un apprentissage, leurs relations avec l’endroit d’où ils viennent (certains ont dû quitter la campagne), leurs parents et leur métier. Aucun commentaire ne complète ces images, uniquement accompagnées des voix des apprentis donnant leur avis sur la société, la politique et l’avenir.

(Laura Legast – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Affiche du Film

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

Photos du Film

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

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(Source et Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

Photos du tournage

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

(Sources: Cinémathèque Suisse – Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

(Sources: Cinémathèque Suisse – Droits réservés Alain Tanner © Téléproduction Zürich)

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Vidéo

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(Sources : Cinémathèque suisse – droits réservés : Alain Tanner © RTS Radio Télévision Suisse – http://archives.tsr.ch

Contexte

Contexte historique

Claude Goretta, Henry Brandt et Tanner, estimant l’occasion rêvée de « faire bouger un peu les choses, puisque la nouvelle loi sur le cinéma allait entrer en vigueur », mettent sur pied le projet d’une série de moyens métrages documentaires sur des sujets traitant de la vie sociale du pays. « Moi j’avais un projet sur un groupe d’apprentis en milieu urbain à Genève. » Le projet global est assez vite enterré au sein des commissions de l’Expo et surtout des industriels qui devaient le financer. Alors qu’Henry Brandt est chargé de réaliser une série de films intitulée « La Suisse s’interroge » (1964, 20 min. ; I / 316A), le moyen métrage de Tanner intéresse néanmoins un industriel genevois, M. de Senarclens : « Quelqu’un a sorti le mien du lot, en espérant pouvoir faire à cette occasion (si belle) un peu de retape pour l’apprentissage et l’embauche. » Le cinéaste doit remanier son idée de départ : « Je me suis retrouvé avec une dizaine d’apprentis sur les bras, dans tous les métiers et tous les coins de Suisse romande pour faire plaisir à tout le monde. » Tanner en choisit une dizaine : « Jeunes gens de la campagne émigrant en ville, type purement urbain (à Genève, par exemple). J’ai cherché à les saisir dans leur activité quotidienne ; la forme était difficile à trouver, car je ne pouvais faire « jouer » les apprentis que jusqu’à un certain point au-delà duquel ils devenaient ridicules. J’ai également réalisé des interviews qui serviront d’articulation dans le film. » Les coûts du film s’élèvent à 200’000 fr. 50% des frais sont pris en charge par le Groupement pour la réalisation d’un film sur l’apprentissage, groupe d’industriels rassemblés par M. Jean de Senarclens, 25% par le DFI et certains cantons romands, les derniers 25% par la participation de l’équipe.

Présenté en première au cinéma central de l’Exposition nationale suisse de 1964, au début du mois de juin, « Les apprentis » est sélectionné, la même année, pour le festival de Locarno, puis, en 1966, aux premières Journées cinématographiques de Soleure. Le film sort en salle en juin 1964 à Lausanne, en septembre à Zurich, puis au mois de mai de l’année suivante à Genève. Il génère un intérêt passionné dans la presse suisse, mais rend perceptible la difficulté des journalistes à parler de cet objet. En effet, si quelques journaux comparent la démarche de Tanner au cinéma direct, « imité des techniques de télévision » et dont « la spontanéité [née] des commentaires » a été respectée, d’autres plus perplexes par ce mélange « du cinéma-vérité, du film documentaire, de l’enquête sociologique, et du film à dominante poétique » semblent davantage indécis vis-à-vis de cette imprécision générique : « Le film se laisse malaisément définir, car il n’est ni un film de fiction, ou pourrait-on dire à scénario, ni un documentaire. » Ce que l’on apprécie dans le film, ce sont finalement ces qualités techniques et artistiques ainsi que sa portée sociologique, critères invoqués individuellement ou en même temps. Les appréciations négatives interviennent sur la difficulté de mener ce type d’enquête. De plus, plusieurs quotidiens reviennent sur les conditions de production du film – financé à 50% par un groupe d’industriels romands –, relevant soit le manque de liberté du réalisateur soit, au contraire, l’absence de contraintes imposées au réalisateur.

Ces vues contradictoires sont entretenues par certains commanditaires qui se retournent contre le film, celui-ci ne présentant pas, à leurs yeux, l’apprentissage d’une manière assez convaincante. Concernant cette polémique, Tanner dit avoir joui d’une liberté totale dans des limites très précises, alors que le représentant du groupe d’industriels, de Senarclens, assure le jour de la première que « Les apprentis » n’est ni un film à thèse ni un film de propagande, « mais une suite d’images dont le réalisme poétique s’attache à une période de la vie d’un jeune, celle de l’apprentissage qu’il qualifie de « belle expérience qui mérite d’être vécue » ».

Treize ans plus tard, Walter Marti retrouve les protagonistes du film de Tanner et tourne « A propos des apprentis » (1977, 75 min.), reportage sans commentaire sur ce qu’ils sont devenus.

(Sources : Laura Legast – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Critique

L’avis du directeur de la cinémathèque suisse de l’époque

Les Apprentis fut un essai intelligent.Tanner utilise quelques-unes des méthodes du cinéma-vérité pour montrer la situation des jeunes au moment où intervient pour eux la nécessité de choisir un métier. Le film, non sans timidité, tente d’indiquer les insuffisances de la formation professionnelle. Et, avec plus de force, il exprime l’atmosphère dans laquelle vivent les adolescents.

(Freddy Buache, in Le cinéma suisse, 1898-1998, 1974, rééd. 1978, Éd. L’Âge d’Homme – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)

Par A. Tanner

Annecdotes

« J’ai fait un long métrage qui s’appelait « Les apprentis », qui a été un bide absolument exemplaire et magistral; c’est un film un peu dans le style « cinéma-vérité », simplement un groupe d’apprentis mécaniciens, de jeunes types entre 16 et 19 ans, qui racontaient leur vie quotidienne. Long-métrage 35 mm. Ils m’ont sorti ça à Lausanne, après un Hitchcock, dans une grande salle au milieu de l’été; je crois qu’il y avait à peu près 5 ou 6 personnes par séance. Il a un tout petit mieux marché en Suisse allemande, maisw de toute façon ça n’a pas été un succès ».

(Alain Tanner, « Les cahiers du cinéma » N°213, juin 1969 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)

« Les Apprentis, en 1963: une bonne idée au départ, mais qui s’est diluée dans les compromis de production. A l’origine, je voulais suivre un petit groupe d’apprentis genevois dans leur vie quotidienne et découvrir ainsi de jeunes Suisses urbains, mais à mesure que le projet prenait de l’ampleur, le thème s’est modifié pour devenir complètement hybride. Un échec par manque de maturité politique aussi face au problème posé par ces apprentis, et un échec technique puisque le film à été tourné en 35 mm alors que de toute évidence c’est du 16 mm qui convenait à ce genre d’expérience.

(Alain Tanner, « Positif » n°135, février 1972 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)

Fiche technique

Titre: Les apprentis – Die Lehlinge
Année: 1962/63
Genre: documentaire
Scénario.: Alain Tanner
Réalisation: Alain Tanner
Assistant de réalisation: Igaal Niddam, Rolf Lysy
Montage: Alain Tanner et Ernest Artaria
Photographie. : Ernest Artaria
Son: –
Musique: Victor Feningstein
Sortie: Juin 1964 – Avant première à l’Exposition nationale de Lausanne, juin 1964 – Lausanne «Palace», septembre 1964 – Zurich «Cinéma Bellevue», mai 1965 – Genève «Elysée»
Production: Téléproduction Zürich (Walter Marti, Reni Mertens)
Distribution: Rialto Film AG.
Format: 81 minutes – 35 mm – noir / blanc
Tournage: 1962 et 1963 – Genève, Saignelégier (JU), Neuchâtel, Mollens, Orbe, Renens, Rossinière, Le Sentier, Thierrens (VD)
Festivals: Festival del film Locarno 1964, Soleure 1966
Droits mondiaux: –
Version originale: –

(Sources: Alain Tanner – « Ciné-Mélanges » Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007 / Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011 – Laura Legast – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisseet Gilles Attinger – 2007)

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