1978 - Messidor

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Actionfilm)

Synopsis

Fiction – Etudiante en Suisse, Jeanne dĂ©cide de partir Ă  l’aventure, lassĂ©e par la prĂ©paration de ses examens. Vendeuse suisse, Marie regagne en autostop sa campagne natale. Sur le macadam, pouce en l’air, elles se rencontrent et entreprennent une pĂ©rigrination sans but prĂ©cis. Au fil du temps, deux hommes, qui les prennent en voiture, tentent d’abuser d’elles. Marie, le rat des champs, dĂ©fend Jeanne, le rat des villes, en prĂ©cipitant une grosse pierre sur la tĂȘte de l’un des violeurs. Poursuivant leur fuite en avant, les deux nomades subtilisent l’arme d’un militaire qui les avait prises Ă  son bord. Jeanne et Marie jouent Ă  qui mieux mieux du fameux pistolet. Pour se dĂ©fendre, certes, mais aussi parce qu’elles se piquent au jeu : se faire peur. Menaçant un paysan Ă©berluĂ©, dĂ©valisant une Ă©picerie quand les fonds viennent Ă  manquer, elles continuent Ă  errer tandis que la tĂ©lĂ©vision suisse les dĂ©nonce Ă  la vindicte populaire par le truchement d’une Ă©mission qui institutionnalise la dĂ©lation organisĂ©e. L’angoisse commence Ă  poindre chez les deux amies. A la suite d’une virĂ©e dans la solitude des montagnes suisses, elles se rĂ©fugient dans un cafĂ©. LĂ , dĂ©noncĂ©es par l’aubergiste Ă  la police, elles se servent du pistolet pour tuer un innocent qu’elles soupçonnent de les avoir livrĂ©es. On les arrĂȘte…

(Sources : La CinĂ©mathĂšque française – Copyright, 1995 CMC/Les Fiches du CinĂ©ma)

Affiches du Film

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Sources : Gala Films – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

Photos du Film

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : Collection CinĂ©mathĂšque suisse – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Sources : Swiss Films – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : New Yorker films – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films, Action film)

Photos du tournage

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

(Source et Droits réservés Alain Tanner © Citel Films, Action film)

Vidéo

Lire la vidéo

(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Citel Films GenĂšve et Action Films Paris (ext))

Analyse

Analyse de Frédéric Bas

Projet initialement confiĂ© Ă  Maurice Pialat qui en avait commencĂ© le tournage sous le titre « MeurtriĂšres », « Messidor » est fondĂ© sur un fait divers qui dĂ©fraya la chronique dans la France des annĂ©es 1970 : deux adolescentes fugueuses se lancent dans une virĂ©e criminelle et sont prises dans les filets d’un jeu de tĂ©lĂ©vision s’appuyant sur la dĂ©lation. En apparence, le sujet ne paraĂźt guĂšre tannĂ©rien, ce type d’histoire violente sur fond social imposant trop une forme rĂ©aliste, voire naturaliste, que le cinĂ©aste suisse rĂ©cuse depuis ses dĂ©buts. De plus, Tanner rĂ©pugne instinctivement Ă  filmer la violence physique. « Tuer un personnage, dit-il, est un effet spĂ©cial le plus souvent gratuit. » Ainsi, dans la filmographie de Tanner, « Messidor » est le seul film oĂč un personnage meurt de maniĂšre non naturelle. C’est aussi l’Ɠuvre la plus sombre de son auteur, marquĂ©e par un dĂ©sespoir qui n’est pas compensĂ© par l’humour habituel des mots et des situations. C’est que Tanner n’a acceptĂ© le projet qu’à la condition d’en réécrire l’idĂ©e originale et de ramener ce fait divers sanglant Ă  des prĂ©occupations plus personnelles : les limites de la libertĂ© (dĂ©jĂ  le sujet du film prĂ©cĂ©dent) sont ici rapportĂ©es Ă  la fuite Ă©perdue des filles dans l’espace suisse. Ce qui intĂ©resse le film, c’est la possible souillure de cet espace toujours trop calme transformĂ© en champ d’expĂ©riences et de jeux par les deux personnages : beaucoup n’ont pas pardonnĂ© Ă  Tanner le plan oĂč l’une des deux filles fait ses besoins dans l’alpage aprĂšs avoir Ă©changĂ© quelques caresses avec sa partenaire. Au cours du film, le paysage suisse idyllique – vallĂ©es, vaches et montagnes – se retourne en son contraire : chape de plomb policiĂšre qui recouvre tout et empĂȘche les dĂ©sirs. Premier film-rupture oĂč Tanner fait ses adieux Ă  la Suisse.

(Alain Tanner – « CinĂ©-MĂ©langes » Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Critique

Les critiques

Messidor ne fait pas l’unanimitĂ© dans la presse. D’un cĂŽtĂ©, on lui reproche d’ĂȘtre superficiel dans son ensemble, et de se contenter d’un refus gratuit des valeurs de l’ordre Ă©tabli. Il est aussi considĂ©rĂ© comme manichĂ©en, montrant les deux hĂ©roĂŻnes presque exclusivement entourĂ©es de personnages secondaires antipathiques, voire odieux. De l’autre, on le perçoit comme une critique efficace d’une Suisse qui ne tolĂšre pas la marginalitĂ©. Certains jugent enfin que Messidor rompt habilement avec les conventions de la reprĂ©sentation cinĂ©matographique.

(Sources: Jacques MĂŒhlethaler – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1962 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque Suisse et Gilles Attinger – 2007)

Contexte

Contexte historique

Peu avant d’entreprendre le travail sur Messidor, Tanner tourne Temps mort (1978, 30 min.). Ce court mĂ©trage est constituĂ© exclusivement d’images prises depuis un train ou une voiture (conduite par Tanner) entre GenĂšve et Berne ainsi qu’entre Berne et GenĂšve. Un commentaire en voix off mĂȘle une voix fĂ©minine Ă  celle du cinĂ©aste. Ce film apparaĂźt comme un essai expĂ©rimental dont la structure n’est pas sans lien avec celle de   Messidor, basĂ©e sur le trajet des deux protagonistes. Par rapport Ă  son prĂ©cĂ©dent long mĂ©trage, Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976), Alain Tanner situe Messidor de la maniĂšre suivante : «Jonas 
 Ă©tait un film d’idĂ©es, de discours. Cette fois, c’est un peu l’inverse. Il n’y a que peu de texte. Et ce qui s’y dit ne vise pas Ă  dĂ©fendre des idĂ©es. Le discours part de petits faits, de petits Ă©vĂ©nements de la vie quotidienne, d’en bas.» Il ajoute: «J’ai eu envie d’un peu de silence, d’écouter, de me promener, d’aller dans la montagne. Mais ce silence n’est pas innocent non plus. Je n’avais jamais parlĂ© directement de la Suisse, je ne l’avais jamais montrĂ©e.» «Il existe dans ce pays une horreur un peu glacĂ©e que je voulais montrer.» IntitulĂ© tout d’abord «DĂ©dales», puis «Contre-coeur», le film s’appelle finalement Messidor, mois des moissons dans le calendrier rĂ©volutionnaire. Pour prĂ©parer ce long mĂ©trage, Tanner fait 10 000 km de repĂ©rages en voiture. Il demande Ă  deux amies de faire trois semaines d’auto-stop en Suisse pour tester son idĂ©e de dĂ©part. Le compte rendu de leur expĂ©rience correspond aux hypothĂšses du rĂ©alisateur. S’il est arrivĂ© que des gens les hĂ©bergent, certains ont parfois refusĂ© de leur donner de la nourriture quand elles avaient faim. En trois semaines (le temps du voyage dans le film), ces jeunes filles n’en pouvaient plus de vagabonder, et en sont arrivĂ©es Ă  un stade de grand dĂ©sarroi. Messidor est rĂ©alisĂ© sans scĂ©nario dĂ©taillĂ©, Tanner Ă©crivant les dialogues au grĂ© du tournage. Les frais de cette production franco-suisse s’élĂšvent Ă  1400000 fr., somme relativement importante, qui implique des contraintes pour le rĂ©alisateur. Mais Tanner ne veut pas se plier aux directives de ses bailleurs de fonds et dit s’ĂȘtre battu avec les banquiers de la Gaumont pour ne pas supprimer dix minutes de film, comme l’exigeaient les contrats de distribution (maximum 1 h 50). Messidor est en compĂ©tition Ă  Berlin, projetĂ© Ă  Cannes parmi les «100 films français» prĂ©sentĂ©s par le distributeur Unifrance Film, et hors compĂ©tition au Festival del film Locarno durant l’annĂ©e 1979; il est encore montrĂ© la mĂȘme annĂ©e dans d’autres festivals. Lors de sa sortie Ă  Paris, on peut le voir dans huit salles, et en Suisse, il totalise 87080 entrĂ©es. La ConfĂ©dĂ©ration lui octroie une prime Ă  la qualitĂ© de 50 000 fr.

(Sources: Jacques MĂŒhlethaler – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1962 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque Suisse et Gilles Attinger – 2007)

Par Alain Tanner

Texte de présentation du film, 1971

« L’origine de  « Messidor » ? dit Alain Tanner.  Je me suis dit : je vais faire mon premier « film de vieux », les « films de jeune », c’est terminĂ©. Je n’ai pas fait d’enquĂȘte auprĂšs des jeunes. J’en rencontre, je les entends, je vois leur terreur, leur difficultĂ© Ă  se situer dans le monde des adultes. D’ailleurs, d’un cĂŽtĂ© ils veulent devenir indĂ©pendants, et de l’autre, ils ne dĂ©sirent pas devenir adultes, jamais. Ils ouvrent les journaux et tous les jours ils n’en reviennent pas qu’on leur ait fait une mĂ©lasse pareille. Les producteurs m’ont dit : “ ProblĂšme de jeunes ? Ça va marcher. ” Je n’ai pas de marketing. Les problĂšmes des jeunes, je m’en fous un peu. « Messidor » parle d’autre chose. »

« La genĂšse de tous mes films est cinĂ©matographique — travail sur le langage ; — elle contient aussi une annĂ©e de ma vie, ce que j’écoute, ce qui me traverse, et les deux aspects sont indissociables. « Jonas qui aura vingt-cinq ans en l’an 2000″ Ă©tait un discours incarnĂ©, divisĂ© en huit personnages reprĂ©sentant huit morceaux du discours. C’est un film de texte, trĂšs Ă©crit, trĂšs travaillĂ©, l’inventaire de huit annĂ©es aprĂšs mai 68. Aujourd’hui, dix ans aprĂšs, il y a un trou. Un trou, une sĂ©rie de dĂ©sillusions. La Chine, il n’y a pas si longtemps, on y croyait. Le Vietnam (il donnait bonne conscience), on l’a sincĂšrement soutenu ; il entre dans le circuit des grandes puissances. Nous sommes dans le creux de la vague. Et puis il y a tellement de discours
 J’ai eu envie d’un peu de silence, d’écouter, de me promener, d’aller dans la montagne. Mais ce silence n’est pas innocent non plus. »

« Je n’avais jamais parlĂ© directement de la Suisse, je ne l’avais jamais montrĂ©e. Elle est en petit ce que les multinationales essaient de crĂ©er chez les gens, le pays du monde oĂč ça marche le mieux : l’intĂ©gration, l’intĂ©riorisation du systĂšme, l’idĂ©ologie du non choix. Le rĂȘve de l’Union soviĂ©tique : la Suisse (ne prenez pas ça au premier degrĂ©). Le chancelier allemand, expliquait rĂ©cemment que bientĂŽt on vivra de nos brevets, on sera tous des tertiaires : c’est ça, la Suisse. En France il y a des problĂšmes, des grĂšves, quand on taille dans le secteur secondaire. Chez nous, il y a autant de chĂŽmage qu’ailleurs, mais il est exporté ; les Ă©trangers repartent chez eux, on ne renouvelle pas leur contrat. Il fallait y penser. On commence Ă  dĂ©manteler l’économie, les traditions culturelles, l’horlogerie, par exemple. Comme l’industrie est dispersĂ©e dans les forĂȘts, dans la verdure, ça gueule et puis ça passe. Je ne parle plus du film, je situe le cadre. »

(Alain Tanner, entretien avec Claire Devarrieux, « Le Monde », 15 mars 1979 – Sources : « Alain Tanner-John Berger », Tome 23, Coll. Théùtres au CinĂ©ma, Bobigny 2011)

Fiche technique

Titre: Messidor
Année: 1978
Genre: Fiction
Scénario: Alain Tanner
Réalisation: Alain Tanner
Assistant réalisation: Alain Klarer, Xavier Castano
Photographie: Renato Berta, Carlo Varini, Hugues Ryffel
Assistant photo:
Son: Pierre Gamet
Musique:  Arié Dzierlatka
Décors:
Maquillage:  Giacomo Peier
Montage: Brigitte Sousselier
Script: Anne-Marie Fallot
Photos sur pl.: Luc Chessex
Technique :
Production: Yves Gasser (prod. dél.), Yves Perrot (prod. dél.), Citel Films SA (Suisse), Action Films SA (France), SSR
Dir. de prod.: Bernard Lorain
Assist. de prod.:
Régie: Edi Hubschmid
Distribution: Citel Films Distribution GenÚve, Gaumont.
Format: 120 min. coul.
Tournage:  juillet et septembre 1978, Morat (FR), Lucerne (LU), La Brévine (NE), Beckenried (NW), Lausanne, Moudon (VD), col du Susten (Hotel Steingletscher), Schwanden (Gasthof Rössli, BE), Zurich
Sortie: mars 1979 (Berlin), mars 1979 (Paris « Marignan » « Lincoln » « ImpĂ©rial » « La Pagode » « 14 juillet-Bastille » « 14 juillet-Parnasse » « Quintette »), mars 1979 (GenĂšve « CinĂ© 17 »), 16 mars 1979 (Lausanne « Lido »), mars 1979 (Zurich « Nord-SĂŒd »), fĂ©vrier 1980 (Londres « Academy 2 »), juin 1981 (New York « Lincoln Plaza »), juillet 1981 (Chicago « Film Center at the Art Institute »)
Prix : Grand Prix (Lama d’or), Festival de Lima
Festivals : Berlin (compétition) 1979, Festival del film Locarno 1979 (hors concours), Cannes 1979, Sydney 1979, Edimbourg 1979, San Sebastian 1979, Figueira da Foz 1979, Londres 1979, Soleure 1980, New York 1980, Tokyo 1983
Droits mondiaux:
Version originale:
DVD: AV Word (Suisse)

(Sources: CinĂ©mĂ©langes – Swissfilms – Jacques MĂŒhlethaler – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1962 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque Suisse et Gilles Attinger – 2007 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théùtres au CinĂ©ma, Bobigny 2011)

 

Générique artistique

InterprĂštes:

  

Jeanne SalĂšve

 Clémentine Amouroux 

Marie Corrençon

 Catherine Retoré 
  Franziskus Abgottspon 
  Gerald Battiaz 
  René Besson 
  JĂŒrgen Brugger 
  Beat Fah 
  Michel Fidanza 
  Claude Fleury 
  Max Heinzelmann 
  

Henri Indermaur

  

Georg Janett

  

Werner Kuhn

  

Denis Michel

  

Jacques Michel

  

Jean-Pierre Mouttier

  

Jörg Reichlin

  

Laurent Sandoz

  

Suzanne Stoll

  

Ezi Rider

  

Laurence Rochaix

  

Hilde Ziegler

  

François Roulet

  

René Scheibli

  

Emil Steinberger

(Sources: Jacques MĂŒhlethaler – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1962 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque Suisse et Gilles Attinger – 2007)

Partenaires officiels