1991 - L'homme qui a Perdu son Ombre

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Synopsis

Fiction – En désaccord avec la ligne politique trop pusillanime de l’hebdomadaire où il travaille, Paul, trente ans, en claque la porte. Il part se ressourcer auprès de son ami et « mentor » Antonio, un vieux communiste espagnol qui vit près d’Almeria, en Andalousie. Là, Paul essaie de faire le point à l’occasion de longues promenades en moto et surtout de conversations avec Antonio. Celui-ci est d’avis que le jeune homme « a perdu son ombre » ; c’est-à-dire qu’il lui manque les jalons psychologiques que seules peuvent offrir les convictions idéologiques fortes. Paul est effectivement en proie à un profond et général scepticisme. Au même moment, à Paris, Anne, la femme de Paul, panique. Paul l’a abandonnée, avec leur bébé, en lui laissant juste un billet évasif n’indiquant ni où ni pour combien de temps il était parti. N’en pouvant plus, elle parvient à retrouver la précédente amie de Paul, Maria, qu’elle convainc bon gré mal gré de l’aider. Maria connaît Antonio et devine que Paul s’en est allé le rejoindre. Elles partent pour l’Espagne, provoquant la colère du jeune homme qui les repousse sèchement. Revenu à de meilleures intentions, grâce à l’entremise d’Antonio, Paul succombe un soir de fête aux charmes de Maria, troublée de le revoir. Mais celle-ci s’efface et la mort du vieil Antonio aide Paul à faire la paix à la fois avec Anne et avec lui-même.

(Sources : La Cinémathèque française – Copyright, 1995 CMC / Les Fiches du Cinéma)

Affiches du Film

(Sources : CAB Productions – Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Photos du Film

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Bulle Ogier – « La Salamandre » – Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Alain Tanner)

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Photos du tournage

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Vidéo

Lire la vidéo
Lire la vidéo

(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits réservés Alain Tanner ©Tornasol film (Espagne) – Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Analyse

Analyse de Frédéric Bas

Antonio, le vieil homme (Francisco Rabal) écoute Paul, son jeune ami (Dominic Gould), qui l’a rejoint dans son café du bout du monde, à Cabo de Gata dans la rude Andalousie, puis il lui dit : « Tu aimes tout, mais tu ne crois plus en rien […] Quand on ne sait plus pourquoi on fait les choses, on est comme l’homme qui a perdu son ombre. » Le premier motif du film est la confrontation du père et du fils, du maître et de l’élève, mais à la différence de « La Vallée fantôme » où le doute et la perte de confiance étaient chez le plus vieux, l’homme en crise est ici le jeune. Persuadé que le monde court à sa perte, que la fin de l’Histoire est arrivée – le film est contemporain de la chute du communisme en Europe de l’Est –, Paul a déserté le domicile conjugal parisien pour s’exiler et trouver dans la solitude et auprès d’Antonio les réponses qui lui manquent. Jalonnant le film, les longs plans de Paul à moto, casqué, anonyme, traversant des paysages quasi lunaires, illustrent ce rêve de solitude, cet exil choisi qui est le trait de tant de personnages de Tanner. Ce qui marque d’ailleurs cette première partie du film, au-delà de la fuite de Paul, c’est la proximité du cinéaste avec le lieu de son film. Comme Lisbonne, la ville blanche, Cabo de Gata offre à Tanner une matière physique qu’il saisit au plus près : le vent qui souffle dans les ruelles, le sable qui se soulève, sans oublier l’ambiance du café, désert au petit matin ou bondé en soirée, les moments musicaux ; « ces sensations et respirations d’espaces s’engouffrent dans les plans et leur insufflent une amplitude bénéfique et apaisante, qui laisse un goût de vent et de sel sur la peau ». Mais le film n’est pas un récit de solitude, plutôt le contraire : la fiancée de Paul et son ex ne tardent pas à le débusquer et à s’opposer à ses certitudes de penseur reclus et pessimiste, son égoïsme et son bavardage complaisant. Le mouvement s’inverse alors, le duo père / fils laissant la place à un marivaudage à trois ; quant aux réflexions sur la fin du monde, elles sont vite recouvertes par un règlement de comptes plutôt réjouissant sur les désirs contraires du masculin et du féminin. Comme si, le temps d’un film, Tanner croisait Rohmer. La tristesse revient à la fin avec la mort d’Antonio, comme le tomber de rideau d’un film assez théâtral. « El espectaculo se acabo », dit-il dans son dernier souffle : « Le spectacle est terminé. »

(Alain Tanner – « Ciné-Mélanges » Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Critique

Les critiques

L’accueil réservé à « L’homme qui a perdu son ombre » par les journalistes suisses et français est partagé. Pour la presse consultée, il s’agit soit d’un témoignage sincère et autobiographique sur la perte des illusions, soit de « radotage » sentencieux et de personnages clichés. Par ailleurs, la fascination pour le travail de la caméra chez Tanner reste intacte pour certains journalistes. A Locarno, l’article paru le matin de la première dans le journal officiel du festival, le « Pardo News », et qui égratigne le film, suscite une vive réaction chez Tanner, qui est à deux doigts de retirer son film.

(Sources : Louise Monthoux-Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Contexte

Contexte historique

Après « La Femme de Rose Hill » (1989), Alain Tanner s’attelle à « L’homme qui a perdu son ombre », qu’il construit autour d’un lieu, l’Andalousie, et autour de la personnalité de Francisco Rabal. L’acteur espagnol, qui incarne Antonio, est lui-même issu d’une famille de militants communistes et a connu l’exil en France après la guerre d’Espagne. Tanner pense à d’autres comédiens, les « laisse mûrir dans sa tête » et écrit un scénario en quinze jours. Il conçoit ses personnages « comme des archétypes et non comme des études psychologiques », tout en leur donnant une réalité très physique : « Je suis très sensible à la sensualité des choses, à leur beauté et leur réalité palpable. » Le cinéaste, qui dit ne pas vouloir être prisonnier d’un carcan narratif serré, travaille « à partir de la chose vue, et non pas seulement de la chose écrite ». En outre, selon lui, « la personnalité des acteurs eux-mêmes peut – et doit – apporter aux personnages une dimension qui entraîne également des variations sur le texte et les scènes ». Les coûts de cette coproduction hispano-franco-suisse s’élèvent à 3,5 millions de fr. 4, 70 % étant pris en charge par les coproducteurs étrangers (20% pour la France et 50% pour l’Espagne). Le tournage a lieu à Paris et à Cabo de Gata en janvier et février 1991, à l’époque des préparatifs de la guerre du Golfe. Tanner intègre d’ailleurs dans le film des porte-avions américains qui croisent au large de l’Espagne et qui l’agacent profondément. Achevé en juin 1991, « L’homme qui a perdu son ombre » est présenté en première à Locarno en août 1991 (Festival del film Locarno – hors compétition). Il participe la même année au Festival des Films du Monde de Montréal où Francisco Rabal se voit décerner le Prix d’interprétation masculine. Le film sort en Suisse en automne 1991, avant d’être distribué à Paris en janvier 1992 et à Vienne en mars 1993.

(Sources : Louise Monthoux-Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Par Alain Tanner

Comme je suis amoureux des fleuves, je suis amoureux du vent. Puisqu’on ne peut l’attendre, il faut le fabriquer si on le veut. Et, dans deux cas, il me le fallait impérativement. Le vent a une charge poétique et dramatique formidable. Et je dirais aussi érotique. Le vent transforme complètement un plan. Il souffle et, en même temps, il aspire le plan vers une beauté qu’il n’aurait jamais sans lui. Pour les cinq dernières minutes de « L’Homme qui a perdu son ombre », j’avais fait venir de Madrid deux machines à vent, deux moteurs d’avion avec leurs hélices. Dans Cabo et Gata, ce merveilleux lieu perdu, dans la rue de poussière qui était ce jour-là la plus belle rue du monde, le vent me donna l’occasion de tourner le plus beau plan de ma vie. Ces deux vieux moteurs d’avion avaient été à la source d’une réelle émotion. Je surveillais d’un œil la vitesse du travelling. Nous avions crevé quelques sacs de ciment pour augmenter le volume de la poussière. J’étais là, une pelle à la main, pour lancer en l’air un peu de ciment. Les moteurs d’avion faisaient un boucan d’enfer. Le travelling avançait à la vitesse la plus juste. Nous étions en train de filmer la poussière qui virevoltait dans l’air et qui marquait le passage de l’âme d’Antonio, mort pendant la nuit, vers celle de Paul, assis tout seul sur le trottoir, les cheveux ébouriffés par le vent. Avec Paco Rabal, nous avions plusieurs fois évoqué la guerre d’Espagne. Elle faisait partie intégrante de sa mémoire. Pour lui comme pour moi, cette guerre avait été ce qu’on peut nommer une guerre juste, classe contre classe, la République contre le fascisme. Comme le dit le « Manifeste du surréalisme », cité dans « Charles mort ou vif » : « Si tu veux la paix, prépare la guerre civile. » Tout cela faisait aussi partie de l’esprit et de la mémoire d’Antonio, devenu poussière soufflée par le vent, que Paul se devait maintenant de prendre en compte.

(Alain Tanner – « Ciné-Mélanges » Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Fiche technique

Titre:
L’homme qui a perdu son ombre
Der Mann, der seiner Schatten verlor
The Man Who Lost His Shadow
El Hombre que perdió su sombra
Année: 1991
Genre: Fiction
Scénario: Alain Tanner
Réalisation: Alain Tanner
Assistant réalisation:
Photographie: José Luis López – Linares
Assistant photo:
Son: Jean-Paul Mugel
Musique: Arié Dzierlatka
Décors: Ana Alvargonzález
Maquillage:
Costumes: Ana Alvargonzále
Montage: Monica Goux
Script:
Photos sur pl.:
Technique :
Production: Gerardo Herrero (prod. dél.), Tornasol Films (Gerardo Herrero) (ES), Filmograph SA Genève (Alain Tanner), Gemini Films (Paulo Branco) (FR)
Dir. de prod.: Josean Gómez, Gérard Ruey, Michel Mavros
Assist. de prod.:
Régie:
Distribution: Sadfi SA
Format: 102 min. 35 mm coul.
Tournage: janvier/février 1991, Almeria (Cabo de Gata) (ES), Paris (FR)
Sortie: août 1991 (Locarno), septembre 1991 (Zurich « Nord-Süd »), septembre 1991 (Berne « Movie 2 »), septembre 1991 (Bâle), octobre 1991 (Lausanne), janvier 1992 (Paris), mars 1993 (Vienne), mars 1993 (West3)
Prix: Montréal (Festival des Films du Monde), Prix d’interprétation masculine à Francisco Rabal 1991
Festivals: Locarno (Festival del film Locarno – hors compétition) 1991, Montréal (en compétition) 1991, Namur (hors compétition) 1991, La Baule (hors compétition) 1991, Valladolid 1991, Soleure 1992
Droits mondiaux:
Version originale:
DVD:

(Sources: Cinémélanges – Swissfilms -Louise Monthoux-Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

 

Générique artistique

Interprètes:

  

Antonio

 

Francisco Rabal

 

Paul

 

Dominic Gould

 

María

 

Angela Molina

 

Anne

 

Valeria Bruni- Tedeschi

 

Le journaliste

 

Jean-Gabriel Nordman

 

Le pianiste

 

Marc Lawton

 

Elève danseuse 1

 

Cécile Tanner

 

Elève danseuse 2

 

Jocelyne Maillard

 
La femme d’Antonio Asunción Balaguer 
La serveuse Loli Pérez Alvarez 
Le serveur Diego Rodríguez

(Sources : Louise Monthoux-Porret – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Partenaires officiels