1999 - Jonas et Lila, Ă  Demain

(Sources : Swiss Films – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Synopsis

Fiction – A Marseille, Anziano, ancien metteur en scĂšne, fait des Ɠufs sur le plat pour Jonas tout en discutant cinĂ©ma. Jonas raconte son histoire d’amour avec Lila, une jeune Africaine. En voix off, Lila retrace la carriĂšre d’Anziano. De retour Ă  GenĂšve, Jonas et Lila cĂ©lĂšbrent l’an 2000 en faisant l’amour. Puis il va filmer au zoo de Zurich une jeune Russe, Irina, Ă  laquelle il fait poser des questions Ă  des gorilles. Avant de rentrer, il s’aperçoit qu’on lui a volĂ© sa camĂ©ra. Il recherche vainement Irina. Pendant ce temps, le pĂšre adoptif de Lila, qui joue aux courses, emprunte de l’argent Ă  sa fille. Jonas retourne Ă  Marseille et Anziano lui offre une camĂ©ra. ObsĂ©dĂ© par l’accumulation des dĂ©chets, il filme la dĂ©charge de Marseille. A GenĂšve, il retrouve Irina, entraĂźneuse dans un bar pour payer le passeur qui l’a fait entrer en Suisse. Il l’emmĂšne chez lui. Lila perd son travail de vendeuse de disques. Ils s’installent en France, chez la sƓur de Jonas. Irina les filme, avec leur accord, tandis qu’ils font l’amour, puis Lila filme Jonas et Irina. Mais Lila sort déçue de l’expĂ©rience. Irina disparaĂźt. Avec l’argent gagnĂ© aux courses par le pĂšre de Lila, Jonas et Lila partent pour Dakar voir la grand-mĂšre de Lila. De retour Ă  Marseille, ils apprennent de Maria, sa femme, la mort d’Anziano.

(Sources : La CinĂ©mathĂšque française – Copyright, 2000 CMC / Les Fiches du CinĂ©ma)

Affiche du Film

(Sources : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Photos du Film

(Source et Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Source et Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Sources : Swiss Films – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Frenetic Films)

(Sources : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Sources : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Sources : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

(Sources : Swiss Films – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Frenetic Films)

(Sources : Internet – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Vidéo

Lire la vidéo

(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits rĂ©servĂ©s Alain Tanner © Filmograph (Suisse) – Gemini Films (France))

Analyse

Analyse de Frédéric Bas

L’idĂ©e d’une vraie suite au premier « Jonas », qui convoquerait Ă  nouveau les huit « Ma » pour voir ce qu’ils sont devenus, a toujours dĂ©plu Ă  Tanner. Outre son caractĂšre mercantile (retrouver la recette du succĂšs passé !), elle reposerait sur l’idĂ©e naturaliste et bĂȘte que le temps du film est le temps de la vie. Or, tout le cinĂ©ma de Tanner vise Ă  casser cet effet miroir qui nourrit tant de films aujourd’hui. « Jonas et Lila Ă  demain » n’est donc pas une suite, plutĂŽt un coda musical, une maniĂšre pour le cinĂ©aste de faire retour sur le passĂ©, non pour le ressasser et s’y complaire, mais pour le faire revenir, comme on dit en cuisine. Le film raconte le quotidien d’un jeune couple d’aujourd’hui au tournant du nouveau millĂ©naire : Jonas, un peu moins de la trentaine, est apprenti cinĂ©aste, et Lila, vendeuse chez un disquaire. Au cƓur de ce quotidien racontĂ© par la voix off de Lila, il y a la relation privilĂ©giĂ©e que Jonas entretient avec Anziano, vieux cinĂ©aste devenu Ă©crivain et alter ego possible de Tanner. C’est par Anziano que revient le premier Jonas, ses leçons de choses ponctuant le film comme autant d’indices, de traces d’hier pour se repĂ©rer dans le monde contemporain et en retrouver le sens et la beautĂ©. Une fois Anziano disparu, il reste Ă  Jonas cet hĂ©ritage Ă  la fois tĂ©nu et immense. Il lui reste Ă  fuir le « comme si » (« as if ») du mensonge gĂ©nĂ©ralisĂ© et Ă  trouver son « comme ça » (« like that »), c’est-Ă -dire sa maniĂšre
 de vivre
 de faire des films.

(Alain Tanner – « CinĂ©-MĂ©langes » – Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Critique

Les critiques

Tant en Suisse qu’en France, l’accueil est plutĂŽt mitigĂ©. On reproche notamment Ă  Tanner d’avoir fait un film Ă  thĂšse oĂč le spectateur se voit assĂ©ner moult citations et est contraint d’assister Ă  une vĂ©ritable leçon de morale. Quelques critiques insistent sur la tonalitĂ© mĂ©lancolique du film, qui prend acte de la fin des utopies. Les seuls articles Ă©logieux proviennent de revues francophones qui envisagent le film par rapport Ă  l’ensemble de l’Ɠuvre de Tanner et le dĂ©fendent dans une perspective auteuriste. Quant au rĂ©dacteur de la revue « Positif« , s’il trouve l’interprĂ©tation remarquable, il n’en dĂ©plore pas moins le pessimisme didactique d’un film qui donnerait l’impression dĂ©sagrĂ©able qu’il n’y a plus qu’à abandonner la lutte

(Sources: Laura Legast et Marthe Porret – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1962 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Contexte

Contexte historique

« Jonas et Lila Ă  demain » est le troisiĂšme film d’Alain Tanner Ă  ĂȘtre scĂ©narisĂ© par l’écrivain Bernard Comment, aprĂšs « Fourbi » (1996) et « Requiem » (1998), ses deux Ɠuvres prĂ©cĂ©dentes. Si vingt-cinq ans aprĂšs « Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 », le cinĂ©aste en reprend le personnage éponyme pour rĂ©aliser ce qu’il appelle « un petit conte sur le temps prĂ©sent et Ă  venir », il ne conçoit pas pour autant « Jonas et Lila » comme une suite, car les « personnages [du premier Jonas] ne pouvaient qu’avoir mal vieilli ». De plus, si Jonas est l’hĂ©ritier des quatre couples du film de 1976 (les huit « petits prophĂštes »), il n’est porteur d’aucune prophĂ©tie : « Je crois qu’il Ă©tait plus facile d’imaginer le futur il y a vingt-cinq ans qu’aujourd’hui (…). « A demain », cela veut dire : « A vous de jouer! DĂ©brouillez-vous! » En mĂȘme temps, « à demain », c’est dĂ©jĂ  beaucoup! » Jonas dispose nĂ©anmoins d’un certain nombre de repĂšres, politiques et culturels, qui sont explicitĂ©s au travers des citations qu’il fait. Du premier film, « Jonas et Lila » reprend aussi la structure Ă©clatĂ©e : il « ne raconte pas une histoire, au sens traditionnel du terme, avec un dĂ©but, un milieu et une fin. Le rĂ©cit est Ă©clatĂ© en une soixantaine de scĂšnes qui vont peu Ă  peu construire et constituer les deux personnages principaux, au travers et au hasard de rencontres et d’incidents qui vont les plonger dans le monde de ce dĂ©but de siĂšcle, qui ne sera du reste guĂšre diffĂ©rent de la fin de celui-ci. » Le travail d’écriture avec Comment se dĂ©roule de la maniĂšre suivante : Tanner part des personnages dont il Ă©bauche seul les caractĂ©ristiques ; il les approfondit ensuite avec Comment, le scĂ©nario proprement dit rĂ©sultant de cette deuxiĂšme phase et pouvant Ă©voluer jusqu’au montage : « Un film doit ĂȘtre un corps vivant qui bouge jusqu’au bout. » Si « Jonas et Lila » confirme, aprĂšs « Fourbi », le retour de Tanner Ă  GenĂšve aprĂšs un Ă©loignement de prĂšs de vingt ans (suite au premier « Jonas »), les lieux de tournage n’en sont pas moins multiples (GenĂšve, Zurich, Marseille, Dakar). Les coĂ»ts de production s’élĂšvent Ă  prĂšs de 1’500’000 fr., le DFI y contribuant par une aide Ă  la rĂ©alisation de 500’000 fr. La premiĂšre a lieu en novembre 1999, dans plusieurs villes suisses. En janvier 2000, « Jonas et Lila » sort Ă  Paris.

(Sources : AndrĂ© Chaperon – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1962 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque suisse et Gilles Attinger – 2007)

Par Alain Tanner

Dans le film « Jonas et Lila », Ă  demain le vieux cinĂ©aste Anziano dit un jour Ă  Jonas qui sort d’une Ă©cole de cinĂ©ma : « Il ne faut pas faire comme si, il faut faire comme ça. »

Jonas : « C’est-Ă -dire ? »

Anziano : « Mais oui, dans la vie, on fait souvent comme si. On triche, on ment, c’est normal. Mais en art on ne peut pas tricher, on est pris au piĂšge, mon vieux. On ne peut pas faire comme si, il faut faire comme ça. »

Jonas : « Mais au cinĂ©ma on fait tout le temps comme si. Tout est recréé, le rĂ©el est dĂ©fait et refait, les acteurs jouent des personnages qui ne sont pas eux-mĂȘmes. Tout est faux, tout le monde fait comme si. »

Anziano : « C’est justement ça qui est intĂ©ressant. A partir du comme si, il faut faire comme ça. »

Jonas : « Et qu’est-ce que ça veut dire « faire comme ça » ? »

Anziano : « Ça veut dire que, pour vous, il n’y a qu’une seule façon de faire les choses. Le « ça », c’est l’évidence. L’évidence, c’est le chemin que vous avez cherchĂ©, et quand vous l’avez trouvĂ©, vous devez suivre ce chemin-lĂ  et aucun autre. Et c’est Ă  partir de lĂ  que les vraies questions se posent. Et c’est pas facile. Le cinĂ©ma appartient Ă  l’ordre de la pensĂ©e. Faut travailler, mon vieux. »

Comme le dit Anziano, le « ça », c’est l’évidence. Et, au cinĂ©ma, ce n’est pas si simple. On a si souvent le sentiment d’incertitude, d’ĂȘtre dans un monde rĂ©gi par le hasard. Les grands musiciens, eux, l’ont trouvĂ©. La forme qu’ils ont créée retombe toujours sur ses pieds, sur l’évidence. Mon propre rapport au cinĂ©ma, mon travail sur l’écriture filmique, j’ai mis du temps Ă  le trouver. C’est essentiellement Ă  partir de la fiction que je me suis vraiment dĂ©couvert et que le terrain ou le chemin dont parle Anziano s’est dessinĂ©…

(Alain Tanner – « CinĂ©-MĂ©langes » – Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)

Fiche technique

Titre: Jonas et Lila Ă  demain
Année: 1999
Genre: Fiction
Scénario: Alain Tanner, Bernard Comment
Réalisation: Alain Tanner
Assistant réalisation: JérÎme Porte, Ursula Meier
Photographie: Denis Jutzeler
Assistant photo:
Son: François Musy
Musique: Michel Wintsch
Décors: Yvan Niclass
Maquillage:
Costumes:
Montage: Monica Goux
Script:
Photos sur pl.:
Technique :
Production: Filmograph SA GenÚve (Alain Tanner), CAB Productions SA Lausanne (Gérard Ruey et Jean-Louis Porchet), Gemini Films (Paulo Branco) (FR), TSR GenÚve, WDR (DE)
Dir. de prod.:
Ass. de prod.:
Régie:
Distribution: Frenetic Films.
Format: 124 min. 35 mm coul.
Tournage: dÚs mai 1999, GenÚve, Zurich, Amérique centrale, Marseille, Seyssel (FR), Dakar (SN)
Sortie: novembre 1999 (Zurich « Nord-SĂŒd »), novembre 1999 (Lausanne), novembre 1999 (GenĂšve), janvier 2000 (Paris)
Prix:
Festivals: San Sebastian 1999, MontrĂ©al (Festival international du cinĂ©ma et des nouveaux mĂ©dias) 1999, Soleure 2000, Locarno (Festival del film Locarno) 2000, Moncton (Canada) 2000, Mons (Festival International du Film d’Amour) 2000, SĂŁo Paulo 2000, Sitges (Festival International du CinĂ©ma Fantastique) 2000.
Droits mondiaux:
Version originale:
DVD:

(Sources: CinĂ©mĂ©langes – Swissfilms – AndrĂ© Chaperon – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1966 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque suisse et Gilles Attinger – 2007)

 

Générique artistique

InterprĂštes:

  

Jonas

 

JérÎme Robart

 

Lila

 

AĂŻssa MaĂŻga

 

Irina

 

Natalia Dontcheva

 

Anziano

 

Heinz Bennent

 

Marisa Paredes

 

Maria

 

Jean

 

Jean-Pierre Gos

 

Cécile

 

Cécile Tanner

 
Pierre Philippe Demarle

(Sources: AndrĂ© Chaperon – « Histoire du cinĂ©ma suisse de 1966 Ă  2000 » sous la direction d’HervĂ© Dumont et de Maria Tortajada – Editions CinĂ©mathĂšque suisse et Gilles Attinger – 2007)

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