1992 - Le Journal de Lady M
(Sources : Internet – Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
Synopsis
Fiction – Lady M tient son journal. Elle y a consigné les faits suivants: M chante avec son groupe, les « Lady M », au Kismet, cabaret parisien. Un soir d’orage, Diego, un peintre catalan, vient se réfugier au bar. Il attend M à la sortie, et ils passent le reste de la nuit à marcher dans les rues de Paris. Son contrat terminé, M part aussitôt pour Barcelone. Diego l’emmène faire le tour de la Catalogne. De chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, c’est, comme on dit, le grand amour. Jusqu’au jour où Diego laisse tomber de son portefeuille une photo de sa femme et de sa petite fille. M, désespérée, rentre à Paris. Mais là, elle tombe très vite dans la déprime : il lui est impossible de vivre avec Diego et tout aussi impossible de vivre sans lui. Elle tente alors une démarche absurde : elle invite Diego chez elle, quitte à ce qu’il vienne en famille. A sa surprise, ils acceptent et débarquent à Paris. La vie du trio va alors se dérouler tant bien que mal, dominée tout d’abord par les non-dits. Puis, brusquement, le désir et l’amour remontent à la surface, en prenant des formes qu’aucun des trois n’aurait jamais pu prévoir. Jusqu’à l’éclatement final : le départ de Diego, puis celui de Nuria, sa femme.
(Sources : La Cinémathèque française – Copyright, 1995 CMC / Les Fiches du Cinéma)
Affiche du Film
Affiche du Film
(Source et Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
Photos du Film
Photos du Film
(Source et Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
(Source et Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
(Source et Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
(Sources : Collection Cinémathèque suisse – Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
(Source et Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
(Source et Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
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Photos du tournage
Photos du tournage
(Source et Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
Vidéo
(Sources : DVD / Alain Tanner / AV World – Droits réservés Alain Tanner © Filmograph SA Genève, Nomad Films (BE), Messidor Films (ES), Les Productions Lazennec (FR))
Analyse
Analyse de Frédéric Bas
Écrit par Myriam Mézières, « Le journal de Lady M » prolonge la collaboration commencée avec « Une Flamme dans mon cœur ». Les deux films forment comme un diptyque autour de la figure de l’actrice-chanteuse-danseuse, la dimension religieuse du mot diptyque ayant son importance : dans « Lady M« , l’imaginaire du personnage est fortement imprégné de mystique, de légendes et de contes païens, et ses élans du corps quand elle danse ou baise sont indissociables d’une spiritualité animiste, d’une relation avec la nature, les animaux, sans cesse convoquée, d’une part de sacrifice aussi : « S’il est vrai que nous sommes les enfants de nos paysages, j’étais alors héritière de trésors : Barcelone, Gênes, Marseille, Tanger, Cairo. Telle la reine Bloody Mary pour Calais, quand je mourrai, on trouvera vos noms gravés sur mon cœur… » Lors de sa sortie, le film a dérangé la critique : on lui a reproché sa vulgarité, son absence de pudeur, le mot « pornographie » a même été lâché ; on a surtout retenu les scènes de sexe pour condamner leur crudité ; or, outre que le sexe dans le film est traité comme rarement au cinéma, dans un style direct et sans pose esthétisante, rappelant l’Antonioni d’ »Identification d’une femme », la passion physique et sensuelle est sans cesse accompagnée par un texte (la voix off est un personnage central et sensuel du film) qui fixe les enjeux et les limites de cette aventure du corps. On n’est donc pas dans le cinéma du « pur comportement » souvent mis en cause par Tanner, mais dans un propos sur le corps féminin et sur ses capacités à exister sous l’œil des hommes : regard des hommes en groupe qui matent la danseuse sur scène ou dans les bars, regard de l’homme amoureux qui juge sa partenaire pendant le temps romantique de la rencontre : l’amour physique est alors le moment de la distance abolie, de la fusion, de la jouissance après le regard. Mais le film raconte surtout comment une danseuse dont le métier est d’être regardée va devoir regarder à son tour et comment elle se retrouvera prisonnière de ce regard. On dirait un conte pour enfants et c’est d’ailleurs un des horizons narratifs du film. Ce n’est pas un hasard si le personnage qui ensorcelle Lady M est une femme d’Afrique, figure double de mère nourricière et de maîtresse sublime. À nouveau chez Tanner, l’Afrique apparaît comme une terre d’exil et de dépossession.
(Alain Tanner – « Ciné-Mélanges » Editions du Seuil – www.seuil.com – 2007)
Critique
Les critiques
« Le journal de Lady M » sort fin mars 1993 à Lausanne et Genève. L’accueil de la presse romande est partagé. Les défenseurs du film mettent en avant son réalisme, son absence de toute compromission dans la représentation de la passion charnelle, tandis que les autres conspuent ce second film né de la collaboration entre Tanner et Myriam Mézières, celle-ci étant considérée comme le mauvais génie de celui-là. En août, le film participe au Festival del film Locarno et sort dans la foulée dans les principales villes de Suisse alémanique (jusqu’en février de l’année suivante). A ces deux occasions, la presse alémanique se montre mitigée, voire franchement négative, déplorant aussi bien le voyeurisme induit par l’exhibitionnisme de l’actrice principale que l’ennui généré par les scènes d’amour, celles-ci étant parfois qualifiées de pornographiques. En 1993 et 1994, « Le journal de Lady M » participe encore à divers festivals internationaux. Il sort à Paris en mars 1994 et y est accueilli de manière partagée. Les uns jugent le film plutôt plat, peu convaincant, notamment dans son parti pris d’associer un commentaire off qui se veut poétique et une représentation crue des choses de l’amour. Les autres, dont la presse spécialisée, mettent en avant le talent de Myriam Mézières et ses effets positifs sur la filmographie tannerienne dans la lignée d’ »Une Flamme dans mon cœur ».
(Sources : André Chaperon – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)
Contexte
Contexte historique
Après « L’homme qui a perdu son ombre » (1991), son précédent film, tourné notamment en Espagne, Alain Tanner revient dans ce pays pour sa nouvelle fiction, le personnage de Lady M naviguant entre Paris et Barcelone. Avec ce film, le cinéaste veut renouer avec l’expérience d’ »Une Flamme dans mon cœur » (1987) : budget limité (même si presque deux fois supérieur à celui d’ »Une Flamme dans mon cœur »), équipe technique réduite à six personnes, tournage en super-161 (destiné à être gonflé en 35 mm) et en lumière presque exclusivement naturelle, scénario de Myriam Mézières, à nouveau largement autobiographique. Cette dernière a raconté à Tanner l’histoire à la base du scénario du « journal de Lady M » à l’époque d’ »Une flamme dans mon coeur ». Le cinéaste l’avait alors écartée, la trouvant trop intime. Lorsqu’il la reprend, c’est pour donner à Myriam Mézières une part plus grande que lors de leur première collaboration : « Sur le scénario du « journal de Lady M », je ne suis quasiment pas intervenu alors que sur celui d’ »Une flamme dans mon cœur », Myriam m’avait laissé le soin d’écrire, à partir de son idée de base, un scénario. » Des repérages sont effectués en Catalogne par l’actrice et scénariste, puis par le cinéaste. Le tournage, en jours effectifs, est de vingt-huit jours, les scènes censées se passer au domicile de Lady M étant tournées chez Myriam Mézières elle-même. La voix off, qui renvoie à la narratrice du journal, n’était pas prévue à l’origine : c’est au stade du montage que sa nécessité s’est fait ressentir, notamment pour créer une distance vis-à-vis de la crudité des scènes d’amour. « Le journal de Lady M » est coproduit par Tanner (Filmograph SA) et des maisons de production belge (Nomad Films), espagnole (Messidor Films) et française (Les Productions Lazennec) et coûte près de 800’000 fr., la TSR y contribuant à hauteur de 100’000 fr., le DFI de 50’000 fr. et la Migros de 50’000 fr. également… En 1994 toujours, « Le journal de Lady M » reçoit une prime à la qualité de 54’000 fr.
(Sources : André Chaperon – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)
Par Alain Tanner
Par Alain Tanner
« L’idée vient de Myriam Mézières qui teint un journal, dans lequel elle écrit des poèmes, des chansons… Elle m’avait raconté deux histoires tirées de ce journal. La première est devenue un film Une flamme dans mon cœur. L’autre me paraissait un peu plus difficile à porter à l’écran, c’est Le Journal de Lady M.
Nous avons fait ce film à l’envers, contre le principe qui veut que l’on parte d’un scénario pour en trouver un financement. Là, il y a une fille , Mariam, qui a été touché par l’histoire qu’elle a vécue – différemment cependant de la manière dont elle est présentée à l’écran – et qui a eu envie de la raconter. À partir de cette envie, il m’appartenait en tant que producteur, de trouver le système de production qui convenait. C’est un film que je n’aurais jamais fait en suivant les méthodes traditionnelles. Il fallait mettre en pace un système qui fasse que ce désir apparaisse sans jamais être trahi et que de vrais bouts de vérité en sorte.
On a utilisé le super 16 mm gonflé en 35 mm et pratiquement pas de lumière. Le travail du chef opérateur, normalement, c’est cinquante pour cent du temps de tournage pour éclairer. Ici, c’est cinquante pour cent pour travailler le cadre, la durée, et pas du tout la lumière qui devait être naturelle.
Myriam est allé avant moi à Barcelone et son choix s’est porté sur Juanjo Puigcorbe. Elle aurait spontanément préféré un macho latin, mais ce type de personnage aurait donné un film un autre caractère, qui aurait été faux, ce dont elle s’est tout de suite rendue compte. D’où ce choix de Juanjo Puigcorbe, comédien sans doute le plus connu de Catalogne, qui fait aussi de la mise en scène de théâtre et d’opéra ».
(Alain Tanner, Propos recueillis par Jean Roy, L’Humanité, 30 mars 1994 – Sources: Alain Tanner-John Berger, Tome 23, Coll. Théâtres au Cinéma, Bobigny 2011)
Fiche technique
Fiche technique
Titre:
Le journal de Lady M
Das Tagebuch der Lady M
The Diary of Lady M.
El diaro de Lady M.
Année: 1992
Genre: Fiction
Scénario: Myriam Mézières
Réalisation: Alain Tanner
Assistant réalisation: Anne Deluz
Photographie: Denis Jutzeler, Joaquim Torres
Assistant photo: Alain Mugnier, Anna Pruna
Son: Henri Maïkoff Mixage: Alain Garnier
Musique: Arié Dzierlatka, Josep M. Bardagí – Choix musicaux: Destroy Man « Encore une fois », Waziz Diop « Love », Frédéric Acquaviva « La femme sans âme »
Décors: Alain Chennau
Maquillage: Maïté Campos
Costumes: Anne Rucki, Mariah Walker-Nelson, Laurent Mercier
Montage: Monica Goux, Catherine Cormon (assist.)
Script:
Photos sur pl.:
Technique :
Production: Filmograph SA Genève (Alain Tanner), Nomad Films (Jacques de Clercq, Dimitri de Clercq) (BE), Messidor Films (ES) (Gerardo Herrero, Marta Esteban), Les Productions Lazennec (FR) (Christophe Rossignon)
Dir. de prod.: Blanca Zalagueta, Marta Esteban, Gérard Ruey (prod. ex.)
Assist. de prod.:
Régie: Mathieu Amalric, Blanca Zaragueta, Donato Rotunno
Distribution: Filmograph SA, Les Films Singuliers
Format: 115 min. 35 mm (Super 16 mm + blow-up) coul.
Tournage: mai 1992, Bruxelles (BE), Barcelone (ES), Paris (FR)
Sortie: mars 1993 (Lausanne), mars 1993 (Genève « Scala »), 1993 (Neuchâtel « Bio »), août 1993 (Zurich « Movie 2 »), mars 1994 (Paris), novembre 1994 (TSR)
Prix:
Festivals: Gent 1993, Locarno (Festival del film Locarno – Programmes spéciaux) 1993, Londres 1993, Moncton 1993, Montréal (concours) 1993, Namur 1993, Taormina 1993, Toronto (World Cinema) 1993, Soleure 1994, Alès 1994, Aubagne 1994, Berlin (Marché) 1994
Droits mondiaux:
Version originale:
DVD:
(Sources: Cinémélanges – Swissfilms – Sources Cinémathèque française – André Chaperon « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)
Générique artistique
Interprètes: | |||
Lady M | Myriam Mézières | ||
Diego | Juanjo Puigcorbé | ||
Nuria | Félicité Wouassi | ||
L’homme du Kismet | Antoine Basler | ||
La femme du 35 | Carlotta Soldevila | ||
Les Lady M | Nanou | ||
Marie Peyrucq- Yamou | |||
Gladys Gambie | |||
Makeda | |||
Billie |
(Sources: Cinémélanges – Swissfilms – André Chaperon – « Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000 » sous la direction d’Hervé Dumont et de Maria Tortajada – Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger – 2007)